Skip to main content

Vous êtes accroc à l’adrénaline ? La levée de fonds est faite pour vous !

La levée de fonds est une opération complexe, qui demande beaucoup de temps et d’énergie.

La levée de fonds est une opération complexe, qui demande beaucoup de temps et d’énergie. Nous avons interrogé à ce sujet François Blondel, CEO de Kitozyme et habitué de ces campagnes. Nous nous sommes également entretenus avec KiOmed Pharma, Nyxoah et OncoDNA, trois entreprises qui sont parvenues à lever des fonds au cours des derniers mois.

Pour vous, quelle est la règle d’or pour réussir le lancement d’une levée de fonds ?

François Blondel : La clé du succès réside dans l’anticipation. N’attendez pas que votre trésorerie atteigne un niveau critique pour vous lancer. Une campagne dure généralement entre 6 et 9 mois en fonction du montant que vous souhaitez lever. Vous devez donc établir votre business plan et votre plan de financement bien en avance pour ne pas être pris par le temps. N’oubliez pas non plus que l’argent ne fait pas tout : la crédibilité est un facteur important. Les investisseurs potentiels veulent pouvoir se dire qu’ils traitent avec une entreprise saine, qui a étudié et préparé son projet avec soin.

En parlant d’investisseurs, comment les approchez-vous ?

FB : Je pense qu’il est important de disposer d’un bon réseau. Si ce n’est pas le cas, vous pouvez faire appel à un intermédiaire financier dont c’est le métier. Il vous aidera à réunir toutes les informations nécessaires, comme les plans de financement, les performances prévues de l’entreprise et les études de marché, et favorisera la communication de votre message dans le langage des investisseurs. Ce type d’intermédiaire peut vous ouvrir les portes d’investisseurs intéressés par votre produit, technologie ou service.

Est-ce que cela suffit pour ouvrir toutes les portes

FB : Non, même s’il peut être utile de faire appel à un intermédiaire efficace, vous ne pouvez pas vous reposer entièrement sur lui. Au final, la réussite d’une levée de fonds visant à développer un projet spécifique dépend de la personne qui gère ce projet. Elle doit analyser ses points forts et ses faiblesses, et se demander si elle est capable de mener à bien cette campagne. Les personnes à la fois douées pour la recherche et le business sont rares. Il est donc tout à fait normal de s’associer à un partenaire dont les compétences sont complémentaires. C’est exactement ce que nous avons fait avec KiOmed Pharma. Yves Henrotin, qui est professeur de pathologie générale à l’Université de Liège, et moi-même recherchions quelqu’un pouvant compléter notre expertise. C’est pour cette raison que nous avons approché Houtaï Choumane, l’actuel CEO de KiOmed Pharma.

Tous les investisseurs sont-ils de bons investisseurs ?

FB : Non. De manière générale, les personnes qui investissent des montants très importants tendent à vouloir surveiller la gestion de l’entreprise et à intégrer le conseil d’administration. Lors de la préparation de la campagne, il est donc essentiel de déterminer avec quel type de personne vous souhaitez travailler. Pour ce faire, vous devez clarifier les besoins de l’entreprise, et pas seulement sur le plan financier. Une entreprise en phase préclinique aura besoin de ressources différentes d’une entreprise prête à commercialiser ses produits. Le type d’investisseur approprié est donc assez variable. Il s’agit d’une opportunité exceptionnelle d’intégrer des personnes et des ressources qui apportent bien plus que de l’argent. Certaines entreprises font l’erreur de se concentrer uniquement sur l’aspect financier de ce processus.

Faut-il favoriser les investisseurs nationaux ou étrangers ?

FB : Vous devez comparer les avantages et inconvénients des deux. Les investisseurs étrangers apportent une crédibilité qui inspire la confiance et le respect. Si cet aspect n’est pas réellement mesurable, il est tout à fait perceptible. Ceci étant dit, il est important de ne pas sous-estimer les difficultés apportées par ce type d’investisseur, notamment en termes d’explications à fournir : un investisseur étranger connaîtra moins bien le marché belge. La différence de langue peut également être un problème si l’investisseur s’avère être membre du conseil d’administration. Le projet vous demandera alors plus de temps et d’énergie.

Dans les deux cas, la transparence est un point clé. Un investisseur peut à tout moment vous demander quel est le risque principal du projet ou quel problème vous empêche de dormir. Le chef de projet doit être prêt à répondre à ces questions de manière claire, structurée, argumentée et transparente pour établir une relation de confiance avec les partenaires. Ce faisant, vous montrerez que vous connaissez sur le bout des doigts votre écosystème, le secteur et les marchés, et que vous savez prendre du recul pour analyser précisément la situation.

Pour terminer, que diriez-vous à une PME qui envisage de se lancer dans une levée de fonds ?

FB : C’est une aventure vraiment passionnante ! Parvenir à persuader d’autres personnes de vous rejoindre et de vous soutenir génère des émotions incomparables.

N’attendez pas que votre trésorerie atteigne un niveau critique pour vous lancer.

 

N’attendez pas que votre trésorerie atteigne un niveau critique pour vous lancer

Trois entreprises wallonnes spécialisées dans les biotechnologies et membres de BioWin ont levé des fonds en 2016. Elles ont accepté de nous faire part de leur expérience.

Houtaï Choumane, CEO de KiOmed Pharma

« KiOmed Pharma est une spin-off de l’Université de Liège et une spin-out de Kitozyme. Nous employons actuellement une équipe de 15 personnes spécialisées dans le développement d’implants médicaux en chitosane, un nouveau polymère ultrapur d’origine végétale. Kitozyme a travaillé sur ce nouveau polymère pendant plus de 10 ans et KiOmed l’utilise désormais sur les marchés de la pharmacologie et de la biomédecine. Aucune autre entreprise au monde n’exploite actuellement ce polymère d’origine végétale.

Nous l’avons utilisé pour créer une série de dispositifs médicaux, notamment un gel administré par injection intra-articulaire aux patients souffrant d’ostéoarthrite. Ce gel à base de chitosane permet de lubrifier les articulations et de réduire les symptômes de la maladie. Il peut ainsi repousser de plusieurs années les interventions d’arthroplastie.

Notre campagne de juin 2016 nous a permis de lever 7,3 millions d’euros. Cette somme sera consacrée au financement d’un essai clinique regroupant 50 patients dans une dizaine d’établissements cliniques en Wallonie et en Flandre, ainsi qu’à l’obtention du marquage CE pour permettre la commercialisation du produit en 2018. Grâce à ces fonds, nous pourrons également préparer la montée en puissance de la production et lancer de nouveaux projets basés sur la même technologie, mais ciblant d’autres indications cliniques.

La difficulté de cette levée de fonds résidait dans la gestion de l’entreprise au quotidien en parallèle de la préparation et de la gestion de la campagne. Ces deux activités demandaient beaucoup de temps et d’énergie, un véritable marathon. Il faut vraiment bien gérer son temps et penser long terme. Nous sommes très heureux du résultat de cette campagne, qui n’a été possible que grâce à l’implication de toute l’équipe. »

Fabian Suarez, CFO de Nyxoah

Nyxoah est une start-up fondée en 2009 à Mont-Saint-Guibert, en Belgique. Ses activités sont axées sur le syndrome de l’apnée obstructive du sommeil, la forme la plus courante d’apnée du sommeil. Cette affection est associée à une augmentation du risque cardiovasculaire, ainsi qu’à de graves comorbidités. Pour améliorer la vie des patients, l’entreprise a créé une solution composée d’un implant et d’un patch qui fonctionnent de concert par le biais de la neurostimulation.

Fabian Suarez : « Nous avons levé 18 millions d’euros en juin 2016. Ce capital nous permettra de demander le marquage CE et un agrément à la FDA. Si j’avais un seul conseil à donner aux entreprises qui souhaitent se lancer dans une levée de fonds, ce serait de bien se préparer en amont. La levée de fonds est un processus long que vous devez anticiper, sans attendre que la trésorerie de votre entreprise arrive à zéro.

Je conseille également de rencontrer des investisseurs potentiels en personne en se rendant à des événements internationaux dédiés. »

Jean-Pol Detiffe, CEO d’OncoDNA

Les solutions d’avant-garde d’OncoDNA, du profilage moléculaire des tumeurs (OncoDEEP) aux biopsies liquides personnalisées (OncoTRACE), sont conçues pour aider les oncologues à sélectionner le traitement le plus approprié. Ces solutions aident les oncologues à choisir le bon médicament et à surveiller l’efficacité de la thérapie choisie.

Jean-Pol Detiffe : « En septembre 2016, nous avons conclu une campagne qui nous a permis de lever 7,7 millions d’euros. Ces fonds sont utilisés pour soutenir la croissance d’OncoDNA à l’international, poursuivre le développement de nos plateformes informatiques et étendre notre base de données de patients.

Personnellement, j’ai accordé une grande importance aux types d’investisseurs avec lesquels je souhaitais travailler. Ne sautez pas sur la première offre qui vous est faite. »